Né dans le Haut-Rhin , et ayant grandi au pied des Vosges à Thann, Robert Kammerer, a dès sa plus tendre enfance été envoûté par la magie de la montagne vosgienne.
Son enfance est marquée par de fréquentes excursions dans les Vosges avec son père. Il gardera pour cette région un amour indéfectible qu'il conservera jusqu'à sa mort.
"Vue du village Wallser à Sertig" Huile sur panneau 50x60cm. SbG et datée 1935. Provenance : Galerie Kiwior. Collection particulière.
Son cursus qui dure tout de même douze ans !
Très jeune, il est orienté vers une carrière artistique. Après avoir obtenu son baccalauréat, il entre à l'école de dessin industriel de Mulhouse. Passage obligatoire et véritable pépinière d'artistes qui a vu défiler de très nombreux artistes alsaciens à l'époque du Reichland d'Alsace-Lorraine. Il se dirige naturellement vers l'Ecole des Arts décoratifs de Strasbourg, première institution artistique en Alsace. Il dispose de l'enseignement de Carl Jordan et du peintre paysagiste Georg Daubner.
Il poursuit sa formation chez Girardot à Paris, à l'école moderne de la rue Notre-Dame-des-Champs, puis parachève sa formation à l'Académie Heymann à Munich. Il complète sa formation technique, par l'enseignement de l'histoire de l'art durant tout son cursus qui dure tout de même douze ans !
Après une longue formation, il débute de nombreux voyages en Europe qui l'emportent en Grèce, Dalmatie, Italie, Albanie, Suisse, Belgique et France.
"Printemps dans le massif du Hohneck". Huile sur toile. SbD. Reproduit de "La vie en Alsace de 1927" Collection particulièreIl expose dès les années 1910 avec les artistes de la région qui ont développé une scène artistique considérable dans la région. Robert Kammerer se présente au public en montrant des paysages urbains de Thann et des environs. Le jeune artiste se cherche encore, il s'exprime avant tout encore au fusain et par ses lithographies. Il exécute ses premières peintures à l'huile dans la manière des impressionnistes. Kammerer est alors encore très influencé par son professeur Georg Daubner, qui est le peintre impressionniste des paysages en Alsace. De l'impressionnisme, Kammerer gardera une palette vive. Il obtient un diplôme de professeur de dessin et enseigne dans sa ville natale de Thann peu avant la guerre.
L'artiste a trouvé sa voie ! Il deviendra incontestablement, le peintre des montagnes et, notamment des Vosges.
En juillet 1914, il expose à la Maison d'Art alsacienne de Strasbourg, ses premières peintures de montagne. L'artiste a trouvé sa voie ! Il deviendra incontestablement, le peintre des montagnes et, notamment des Vosges. Cette révélation artistique survient alors qu'il est en convalescence dans les Grisons en Suisse pour soigner une pleurésie. La montagne et la neige, lui offrent un spectacle rare et salvateur. Il va à partir de là, magnifier la beauté froide et vraie des cimes des Vosges ou des Alpes. Il se lance à corps perdu dans les défilés, dans les crêtes, et les fonds de vallées. De sa génération, il y a bien des artistes qui ont célébrés les Vosges, tels que Hansi, Gustave Muller-Valentin, René Allenbach ou encore Georges Ritleng. Mais aucun de ces artistes n'a autant consacré de travail et de labeur à décrire et à restituer la vie de montagne. Ses contemporains savent et connaissent son travail sur les habitants des hautes montagnes des Vosges. Robert Kammerer se consacre entièrement à son sujet. Il s'enfermera dans une ferme de montagne à Mollau pendant trois ans. Il cherche à capter l'intensité du sujet et va même peindre en pleine tempête. L'artiste est accoutumé à la rudesse du climat. Il est sportif, skieur, randonneur, il a la maîtrise de son environnement. Il plante son chevalet dans la neige, immobilisé pendant des heures à observer et à coucher son sujet sur une toile ou sur un panneau en bois. Robert Kammerer peint les pieds chaussés dans les skis, les doigts engourdis par le froid, sa vue battues par les vents ou la réverbérations du soleil sur la neige immaculée, le coup de pinceau de plus en plus figé par le froid . La technique du couteau apparaît après les années trente et restitue à merveille certains paysages chers à Kammerer. Les tableaux ou les dessins de l'artiste sont réalisés sur le vif, ils portent véritablement la marque de leur réalisation en pleine air. La dextérité de l'artiste n'est plus à prouver et, de son temps forçait l'admiration de ses contemporains.
"Matin d'été dans les Vosges - Massif du Rossberg". Huile sur toile. SbD et datée 1929. Reproduit dans la "Vie en Alsace de 1934" Collection particulière.Durant la grande guerre, il rejoint l'armée française, et devient peintre aux armées. Il rapporte du front, de très nombreuses esquisses, qui seront exposées à Paris en 1917. Il retrouve après la guerre son poste de professeur et va davantage développer son art.
Après l'armistice de 1918, Robert Kammerer poursuit inlassablement son travail. Il séduit un public de plus en plus ouvert aux sports d'hiver et à la montagne durant les années vingt. Le train, les automobiles, les photographies font découvrir la montagne, le monde moderne permet une plus grande accessibilité des endroits les plus reculés d'Alsace. Il expose également à la Maison d'Art alsacienne, à la galerie Aktuaryus à Strasbourg, à Mulhouse, à la galerie Derambez et Simonson à Paris. Il rejoint également en 1922, la société des peintres de montagnes sous le patronage du club alpins français et rejoint ainsi les peintres Contencin, Wibault ou Leroy-Wattiaux.
La nature inertes des hautes montagnes est rendue, vivante et palpable. On s'y croirait presque !
"La côte d'Azur" Huile sur panneau. 50x61cm. SbG. Provenance : Galerie kiwior. Collection particulière.
"Paysage de la Drôme". Huile sur panneau. 54x73cm. Provenance : Galerie Kiwior. Collection partiuclière.Durant l'entre deux guerres, le coup de pinceau de Kammerer est plus marqué, il devient une trame sur ses peintures. Le peintre use de la matière pour créer du relief et de la profondeur. Ses expériences sur la côte d'Azur, ont permis à Kammerer de gagner en intensité lumineuse. On ressent véritablement les branches d'arbres frappés par des vents, les hautes herbes plier sous les bourrasques, et on aperçoit les masses nuageuses, compactes, avancer. La nature inerte des hautes montagnes est rendue, vivante et palpable. On s'y croirait presque , sur les cimes du Drumont ou sur la mer de nuage du lac blanc.
Comme le disait Claude Odilé dans la revue "La vie en Alsace", Robert Kammerer fait partie de cette génération d'artistes alsaciens qui ont révélé au public le pays (Alsace) au-delà des clichés de carte postale.
En 1940, Robert Kammerer sera évacué en France et il restera réfugié jusqu'en 1947. Il retrouve sa maison dévastée. Il remonte laborieusement son atelier à Thann et avec témérité continue à livrer des oeuvres qui célèbrent les Vosges et l'Alsace. De très nombreuses expositions vont encore largement avoir lieu jusqu'à sa mort en 1965.
Depuis l'artiste semble avoir sombré dans un anonymat et une indifférence indescriptible. Le terrible diktat de l'histoire de l'art, n'a pas fini de faire des ravages !
"Le vieux sapin" Dessin. SbD. "Reproduit dans la vie en Alsace de 1927"Collection particulière.Il reste encore à noter les incroyables peintures et dessins, d'arbres de montagne qui parsèment son oeuvre. Il ne s'agit pas d'études mais bien d'oeuvres d'art achevées ! Il avait fini par réussir à sonder mieux qu'un autre la véritable puissance de la nature. Robert Kammerer aimait dire à ce sujet " les arbres sont les forces vivantes qui jaillissent du sol et poussent leurs gestes dans la lumières"
Bibliographie :
- "La vie en Alsace - 1927" - Un peintre de la Haute Montagne, Robert Kammerer" par Claude Odilé. Suivi d'un autre texte de Marc Lenossos. Diverses reproductions.
- "La vie en Alsace - 1934" - Robert Kammerer, peintre des Hautes-Vosges et missionnaires de la montagne" par Marc
Lenossos. Diverses reproductions.
- Portfolio dédié entièrement à l'oeuvre de Robert Kammerer appelé également Kammerer-mappe.
"Venise" Huile sur panneau. 55x39cm. SbD. Provenance : Galerie Kiwior. Collection particulière.