Charles SpindlerBoersch, 1865 - 1938, Boersch St-Léonard« Buffet et crédence "Alsace - Lorraine" »Bois et marqueterie Alsacien(ne) Buffet : H : 235cm - L : 175cm - P : 58cm vers 1903
Charles SPINDLER "Buffet Alsace-Lorraine" - Puttkamer vers 1903
Charles SPINDLER "Buffet Alsace-Lorraine" - Puttkamer vers 1903 (détail)
Charles SPINDLER "Buffet Alsace-Lorraine" - Puttkamer vers 1903 (détail)
Charles SPINDLER "Crédence Alsace-Lorraine" - Puttkamer vers 1903
Charles SPINDLER "Crédence Alsace-Lorraine" - Puttkamer vers 1903
Charles SPINDLER "Crédence Alsace-Lorraine" - Puttkamer vers 1903
Crédence reproduite dans la RAI de 1903 (Charles SPINDLER)
Aquarelle de Charles SPINDLER reproduite dans les Oberlé
Variante du buffet de Charles Spindler reproduit dans la RAI de 1903 et conservée au Musée de Francfort
détail du Buffet "Alsace-lorraine" de Charles SPINDLER - vers 1903
détail du Buffet "Alsace-lorraine" de Charles SPINDLER - vers 1903
détail du Buffet "Alsace-lorraine" de Charles SPINDLER - vers 1903
détail du Buffet "Alsace-lorraine" de Charles SPINDLER - vers 1903
détail du crédence "Alsace-lorraine" de Charles SPINDLER - vers 1903
détail du Buffet "Alsace-lorraine" de Charles SPINDLER - vers 1903
Ensemble conservé à l'Hôtel du département du Bas-rhin
Albert August Maximilian von Puttkamer (Gross Nossin, 1831 - 1906, Baden-Baden)
Alberta von Puttkamer (Glogau, 1849 - 1923, Baden-Baden)
Littérature :
- "Revue alsacienne illustrée de 1903" collectif, nous retrouvons la crédence reproduite page 16. Et nous retrouvons dans la même revue page 18 une variante du buffet aujourd'hui conservé au Musée de Francfort (Allemagne)
- "Les Oberlé" par René Bazin chez Calmann-Lévy (1902), nous retrouvons la crédence reproduite dans une aquarelle (aujourd'hui conservé par la famille de l'artiste) à l'intérieur de l'ouvrage
EXCEPTIONNEL ENSEMBLE DE MEUBLES DE CHARLES SPINDLER !!
Provenance :
- collection Maximilian et Alberta von Puttkamer
- sa vente (par un notaire) début XXe siècle
- collection privée, Bas-Rhin (acquis lors de la vente aux enchères chez le notaire au début du XXe siècle)
- puis par succession successives, collection privée, Alsace
Cet ensemble mobilier est une parfaite synthèse de la création de l’artiste Charles Spindler, qui avait su mêler l’influence du Jugendstil aux motifs régionaux. Ces créations sont toujours un ravissement pour les amateurs d’art et d’Alsace. On oublie bien souvent qu’il débuta sa carrière en composant des ensembles mobiliers et des boiseries d’intérieur avant de réaliser des panneaux de marqueterie comme des tableaux. Il débuta à la fin du 19e siècle l’art de la marqueterie qu’il porta à un haut degré de stylisation. Les villages du vignoble, les tours et grandes portes des villes, les églises et la Cathédrale de Strasbourg, les châteaux forts et les panoramas des Vosges sont les sujets qu’il reprit à souhait dans son œuvre. Ils sont une représentation de l’Alsace éternelle, celle qui traverse les âges, celle que tout le monde connaît. Qui n’est pas aller à Strasbourg admirer la Cathédrale ? Qui n’a pas passé par une porte fortifiée ? Qui n’a pas admiré un panorama des Vosges avec ces lignes bleues ? Difficile d’échapper à ces images qui marquent la mémoire pour toujours de ceux qui ont foulé la terre d’Alsace.
Cet ensemble fait parti d’une commande de Maximilian and Alberta von Puttkamer auprès de l’artiste Charles Spindler. La rencontre des commanditaires et de celle de l’artiste doit sans doute beaucoup à Alberta von Puttkamer, qui avait choisi Charles Spindler pour illustrer son ouvrage « Aus vergangenheiten ». Mais comme le rappel Charles Spindler le Baron von Fischard avait fait l’entremetteur pour introduire l’artiste auprès de l’intelligentia et les personnalités du pouvoir wilhelmien qui avaient pris quartier dans la Neustadt de Strasbourg. L’ouvrage précité parut en 1899 et parle des légendes d’Alsace. Ce genre littéraire inspiré directement des frères Grimm, sera poursuivi par Stoeber, Erckmann-Chatrian ou Georges Spetz. Car la terre d’Alsace est un territoire idéal pour conter des légendes, tant les monuments qui peuplent la région, tant le relief et le climat étonnent et tant l’histoire a laissé des traces.
Alberta von Puttkamer était une auteure, une chroniqueuse, une poétesse qui tenait jadis Salon à Strasbourg et se faisait à sa manière une protectrice des arts en Alsace. Elle avait épousé le juriste et politicien, Maximilien von Puttkamer et l’avait suivi en Alsace. Ce dernier était originaire d’une famille aristocratique de Prusse. Il fit des études de droit à Bonn et à Berlin avant de faire carrière en tant que juge. Il fut élu député du Reichstag et à partir de 1875, il démarra sa carrière alsacienne d’abord à Colmar, puis à Strasbourg en tant que Sous-secrétaire et Secrétaire d’Etat du Reichsland d’Alsace-Lorraine. Il œuvra à gestion des affaires publiques de la région et militait pour l’intégration de l’Alsace dans l’Allemagne wilhelmienne d’alors.
Le meuble reprend une stylistique florale qui est propre au langage de Spindler. Il fait référence aux lys mais aussi à la feuille d’acanthe. Au de-là la thématique florale stylisé par le Jugendstil, c’est avant tout l’exécution des marqueteries qui offre à cet ensemble tout son intérêt. Il n’est pas sans rappeler l’influence de Gallé mais il a largement dépassé celui-ci dans son dessin parfait, son choix judicieux des essences de bois et surtout son esprit unique dans la composition symboliste. Charles Spindler cherchait lui-même le motif, non pas dans les ouvrages illustrés ou les impressions de son époque. Il randonnait en Alsace. Il allait directement à la recherche du motif. Il rapportait des compositions saisissantes. Une fois en atelier, il transformait le dessin par un adroit assemblage des bois pour donner un tableau en marqueterie.
Cet ensemble nous donne à voir une alsacienne et une lorraine entouré des vignes, l’un de symboles de l’Alsace qui unit tout à chacun. Sur un autre panneau nous distinguons les trois Châteaux de Ribeauvillé, qui se décrochent sur les lignes du piémont vosgien. Nous apercevons également sur un autre panneau les méandres du Rhin qui comme nous l’imaginons tracent une ligne sur cette terre. Enfin, nous voyons le cygne, animal symboliste qui peuple ces eaux riches ajoutant une grâce à ces paysages rhénans. L’ensemble graphique des panneaux de marqueterie offre une vision idéalisée du paysage alsacien entre Rhin et Vosges. Toute l’Alsace est là. Alberta von Puttkamer avait elle-même été inspiré par ce territoire très riche en paysage et qui pousse à la rêverie. L’ouvrage « Aus Vergangenheiten » évoque les légendes du Château de Saint-Ulrich de Ribeauvillé, celle du massif mystérieux du Taennchel ou encore celle du cloitre disparu de Rhinau … Tout un programme que nous retrouvons dans les différents panneaux de marqueterie de cet ensemble mobilier.
Ces créations sont un témoignage de l’Alsace de la Belle époque, qui flirtent entre tradition et modernité. Mais elles ont aussi une harmonieuse rencontre entre le romantisme et les beaux-arts. S’il fallait encore le dire autrement, cet ensemble mobilier reflète un art de vivre à l’alsacienne.
Biographie :
Alberta VON PUTTKAMER (1849 - 1923) :
Alberta von Puttkamer (née Anna Lucie Karoline Alberta Weise le 5 mai 1849 à Glogau, en province de Silésie, et morte le 19 avril 1923 à Baden-Baden) est une écrivaine allemande.
Anna Lucie Karoline Alberta Weise naît dans une famille de la haute bourgeoisie en Haute-Silésie (ancienne province de la Prusse, actuellement voïvodie de Basse-Silésie en Pologne). Elle fait ses études à Berlin à l'Elisabethschule.
Elle épouse le juriste Maximilian von Puttkamer. Il est membre du Reichstag en 1871 puis missionné en 1877 en Alsace-Moselle, alors annexée au Reich à la suite de la défaite française de 1870. De 1887 à 1901 son mari devient secrétaire d'État du Reichsland d'Alsace-Moselle. Le couple vit à Strasbourg durant cette période. Ils ont deux fils et une fille.
Son mari décède en 1906 à Baden-Baden où elle déménage en 1907.
Séjour strasbourgeois et productions artistiques
Lors de sons séjour alsacien, elle entre en relation avec Charles Spindler et le Cercle de Saint-Léonard. Les réunions du cercle rassemblent artistes et amateurs d'art, Français et Allemand. Ce cercle promeut et valorise la culture alsacienne. En effet, Strasbourg est une ville carrefour de l'Europe, alors la vitrine du Reich. La ville incarne la modernité dans tous les domaines : universitaire, artistique, industriel, économique... Dans les cercles et salons on parle politique et art.
Alberta von Puttkamer écrit des drames, des poèmes, des essais et des articles de journaux. Elle compose également des chants. Ses œuvres sont rédigées en allemand. L'artiste produit des œuvres portant sur l'histoire de la Prusse mais aussi sur son pays d'adoption qu'est l'Alsace. Elle publie d'ailleurs un recueil de ballades alsaciennes, illustré par Charles Spindler, Aus Vergangenheiten: ein elsässiches Balladenbuch. « De tous les recueils inspirés des légendes d'Alsace, celui-ci est de la plus haute inspiration poétique » déclare-t-il. Une seconde publication suit, Leb'wohl, mein Elsass.
Alberta von Puttkamer anime également son propre salon. Elle y encourage le théâtre alsacien, on y chante et on y discute littérature et culture.
Elle est par ailleurs membre de la association des écrivaines et artistes viennois. Elle en est la présidente d'honneur à Głogów. (source : wikipédia)
Maximilian VON PUTTKAMER (1831 - 1906):
Homme politique allemand, secrétaire d’État du ministère d’Alsace-Lorraine, (Pl) (★ Grossnossin, Poméranie, 28.6. 1831 † Baden-Baden 5.3.1906).
Fils d’Albert Puttkamer et de Wilhelmine von Pape. ∞ 2.12.1865 Alberta Weise (★ Glogau, Silésie, aujourd’hui Glogow, Pologne, 5.5.1849 † Baden-Baden 22.4.1923); 2 enfants. Études au gymnase de Stettin. Études de droit à Bonn et à Berlin. Référendaire de la magistrature prussienne à Coblence et Bonn, juge d’arrondissement à Fraustadt (Posnanie). 1867, député de Fraustadt au Landtag de Prusse, et au Reichstag constituant d’Allemagne du Nord, réélu sans interruption jusqu’en 1881 (inscrit au groupe national-libéral). Il fit néanmoins partie, en 1879, de la petite minorité qui refusa de se séparer de Bismarck converti au protectionnisme. 1871, conseiller à la cour de Colmar et député au Reichstag. Membre de la commission de la Justice du Reichstag, Puttkamer déploya une grande activité dans
l’adoption du Code de procédure pénale, de procédure civile, de la loi sur l’organisation judiciaire. À la fin 1875, Puttkamer se vit confier la mission de faire entrer des Alsaciens dans un ministère d’Alsace-Lorraine situé à Berlin. Il avait adhéré à la logique de la centralisation française, et était partisan de la suppression de la Présidence supérieure et de la création d’un ministère à Berlin, ce qui devait obliger « les grands notables » à faire le voyage de Berlin, comme ils avaient fait voyage de Paris. Mais s’il trouva des appuis (Jean de Schlumberger, président de la Délégation, et Édouard Koechlin, président de la
Commission du budget de la Délégation) Puttkamer ne trouva aucun Alsacien pour accepter d’entrer dans cet éventuel ministère berlinois, et admit d’ailleurs qu’après la création de la Délégation à Strasbourg et dans l’État fédéral qu’était l’Empire allemand, une recentralisation dans un État fédéral, n’avait guère de perspectives. 1877, procureur général à la Cour d’appel de Colmar. Puttkamer participa avec Auguste Schneegans ©, autonomiste alsacien (apparenté national-libéral), aux grandes manœuvres politiques du Reichstag qui aboutirent à la loi constitutionnelle de 1879 dont Bismarck avait arrêté les grandes lignes. Alors que l’Office de la Chancellerie impériale était prête à l’élection du
Landesausschuss au suffrage universel, Puttkamer parvint à imposer le suffrage indirect des députés à la Délégation/Landesausschuss par les conseils municipaux, système ouvertement inspiré du mode de désignation du Sénat de la République française. Puttkamer fut nommé sous-secrétaire d’État à la Justice et aux Cultes du premier ministère
d’Alsace-Lorraine (1879). La politique scolaire et ecclésiastique que déploya Manteuffel © avec ses ouvertures à l’Église catholique fut donc exécutée par un fonctionnaire libéral que contrôlait le chancelier Bismarck. C’est cette qualité qui lui valut de surnager après la crise de 1887 qui emporta le secrétaire d’État Hofmann. Puttkamer assura la direction du gouvernement pendant les années de transition (1889-1901), fondant son régime sur le caractère répressif de la législation allemande, et sur la collaboration avec les notables ralliés: il ouvrit le ministère aux Alsaciens Hugo Zorn de Bulach © (1895) et Émile Petri © (1898). La nécessité d’assurer un rapprochement plus étroit avec le Zentrum
entraîna son renvoi en 1901 et son remplacement par Koeller ©. L’ouvrage Die Aera Manteuffel, qu’il rédigea en collaboration avec sa femme, est, paradoxalement, à fronts renversés, l’hommage d’un libéral à un archi-réactionnaire (Manteuffel) qui faisait partie de la génération des « demi-dieux » créateurs de l’unité allemande. Et sans doute, un pense-bête aux gouvernants du Reich : la formule de gouvernement recommandée pour l’Alsace est celle de l’union entre conservateurs et libéraux allemands.
Deutsche Biographie 11/1908; lllustrierte Zeitung, n° 126, p. 397 ; Die Woche 10-414 (portrait). Photo : Das Reichsland Elsass-Lothringen 1870-1918, Institut der Elsass-Lothringer im Reich an der Universität Frankfurt, Francfort, I, 49.
François Igersheim (1997)
(source : Fédération des société d'histoire et d'archéologie d'Alsace)
information(s) supplémentaire(s) : Il existe deux variantes de ce buffet, un reproduit ici (Revue alsacienne illustrée de 1903) et conservé au Musée de Francfort (Allemagne) et un autre qui est conservé à l'hôtel du département du Bas-rhin. Après vérification dans les archives familiale de la famille Spindler, nous retrouvons bien la trace de ces meubles.
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