Cette œuvre est exemplaire de la période la plus intimiste et la plus recueillie de Charles Spindler, lorsque l’artiste, délaissant l’anecdote narrative, s’attache à saisir l’émotion silencieuse des figures féminines alsaciennes. Contrairement aux portraits frontaux plus représentatifs de la tradition régionale, cette jeune fille est saisie de profil, dans une posture de retrait intérieur, accoudée à une chaise, le regard baissé — moment suspendu de rêverie ou de recueillement.
La gouache, posée sur un support de bois volontairement laissé partiellement visible, permet à Spindler d’orchestrer un dialogue très subtil entre matière picturale et veines naturelles du support, dans un esprit qui n’est pas sans rappeler certaines recherches de l’Art nouveau ou de la Sécession viennoise. La coiffe rouge aux plis géométriques, sobre mais intensément picturale, agit comme un point focal chromatique, tandis que la robe d’un blanc maitrisé, vibrante de rehauts et de transparences, témoigne d’une virtuosité rare dans le traitement de la lumière diffuse.
Loin de l’imagerie folklorique attendue, Spindler atteint ici une forme de poésie intérieure, grave et silencieuse, où l’Alsace devient le lieu d’une méditation universelle sur la jeunesse, l’attente, l’intime. Une œuvre de grande délicatesse psychologique, où chaque touche respire sans jamais peser.
Information(s) supplémentaire(s) : Cadre d'origine. Format avec son cadre : 54x38,5cm.