Cette huile sur isorel de Gérard Bliekast propose un nu assis où la figuration s’adosse à une construction plastique rigoureuse. Le corps, géométrisé en plans imbriqués, s’inscrit dans un décor architecturé de champs colorés qui fait jouer, au lieu d’un modelé traditionnel, la juxtaposition de valeurs chaudes et froides (ocres et rouges face aux verts, bleus et lilas). La diagonale qui relie l’accoudoir à la jambe étirée organise l’espace en profondeur et gouverne le rythme interne de la composition.
L’œuvre s’inscrit clairement dans la filiation lhotesque. On y reconnaît les principes énoncés par André Lhote — ce « cubisme tempéré » où la figure demeure lisible mais soumise à une grammaire de plans ; l’arabesque constructive qui ordonne la pose ; la recherche d’un contrepoint chromatique (chaud/froid, mat/clair) conçu comme véritable ossature du tableau ; enfin, cette volonté d’« architecturer » le sujet pour transformer le nu en paysage construit. Le visage, réduit à quelques signes, confirme la priorité accordée à l’idée-forme plutôt qu’au portrait psychologique, autre héritage de l’enseignement de Lhote à l’Académie de Montparnasse.
Par cette mise en ordre des volumes et cette discipline du plan coloré, Bliekast ne se contente pas de citer le cubisme : il en prolonge la leçon pédagogique telle que Lhote l’avait diffusée en Europe, en l’alliant à une sensualité de surface — matière lisse, accords mesurés — qui confère à la scène une gravité silencieuse. Le tableau apparaît dès lors comme une méditation sur la “vérité plastique” chère à Lhote : la forme humaine, clarifiée par l’analyse, devient le lieu d’un équilibre entre émotion et raison.
Information(s) supplémentaire(s) : Format avec son cadre : 76,5x66cm.