Jules-Emile Zingg

EXCEPTIONNEL ET RARE TABLEAU DE L'ARTISTE !


Cette huile sur toile de Jules-Émile Zingg (1882–1942), intitulée Portivy – Pointe-An-Aud par tempête et mesurant 65 x 92 cm, témoigne de la maîtrise picturale et de la sensibilité paysagiste d’un artiste que l’on associe trop souvent exclusivement à la ruralité franc-comtoise, mais dont l’œuvre maritime révèle une puissance plastique exceptionnelle. Réalisée probablement au cours des années 1920–1930, cette toile s’inscrit dans la continuité du mouvement post-impressionniste français, tout en portant la marque très personnelle de Zingg, mêlant structuration des masses, vigueur de la touche et lyrisme de la matière.

La composition, dominée par la diagonale du rivage breton, capture avec une intensité presque orchestrale la violence rythmée des vagues s’écrasant contre les falaises ocre. Les empâtements généreux, la vigueur du coup de brosse et la dynamique tourbillonnante du geste confèrent au paysage une énergie tellurique, où mer et rocher semblent fusionner dans un même mouvement. L’artiste ne cherche pas la description topographique mais la traduction sensorielle du vent et de l’écume.

La palette restreinte, dominée par les ocres chauds, les verts éteints et les blancs nacrés, s’oppose à un ciel mauve-orangé, vibrant d’une tension atmosphérique qui traduit la lumière bretonne changeante. La matière picturale, épaisse, nerveuse, sculptée au couteau par endroits, donne à la toile une texture quasi minérale.

Zingg, héritier de l’École de Pont-Aven et des recherches cézanniennes, transpose ici son langage formel au service d’une vision de la nature où l’émotion prime sur l’anecdote. Le motif devient symbole de la lutte élémentaire : celle de la terre affrontant la mer, de la stabilité contre le mouvement. Par son expressivité contenue et sa modernité de facture, Portivy – Pointe-An-Aud par tempête s’impose comme une œuvre majeure de la peinture de paysage du XXᵉ siècle, à la croisée de la peinture naturaliste, du fauvisme tempéré et du symbolisme tellurique.

Elle illustre avec éclat cette parole de Zingg lui-même : « Il faut peindre le monde non comme on le voit, mais comme il vous ébranle. »