Léon ElchingerSoufflenheim, 1871 - 1942, Soufflenheim« Vase à coulures vertes et bleues sur fond brun »céramique H : 9,5cm et diamètre : 10cm vers 1900 et 1919
Léon ELCHINGER "Vase à coulures vertes et bleues sur fond brun " céramique, hauteur 9,5cm - vers 1900 / 1919
Léon ELCHINGER "Vase à coulures vertes et bleues sur fond brun " céramique, hauteur 9,5cm - vers 1900 / 1919 (marque)
EXCEPTIONNEL ET RARE VASE DE LEON ELCHINGER !
Ce petit vase, d’une hauteur modeste de 9,5 cm, se distingue comme un témoignage précieux de la production de Léon Elchinger au tournant du XXᵉ siècle, à une époque où les ateliers de Soufflenheim participent pleinement au renouveau céramique européen. Réalisé entre 1900 et 1919, il appartient à la période la plus expérimentale de l’artiste, marquée par l’exploration audacieuse des glaçures dites « à coulures », dont il devint l’un des maîtres en Alsace.
La forme, simple et ramassée, presque ovoïde, laisse toute la place au jeu chromatique de l’émail. Sa sobriété structurelle — absence d’ornements, épaulement adouci, ouverture resserrée — répond à une volonté clairement moderniste : le décor n’est plus apposé, il naît du matériau lui-même, de la dynamique de la glaçure au feu.
Le décor à coulures révèle une maîtrise technique remarquable. Sur un fond brun profond, presque terreux, se superposent des nappes d’émail bleu cobalt, turquoise opalin et vert céladon. Ces couleurs fusionnent puis se détachent en de longues traînées verticales, créant un effet de gravité contrôlée. Le contraste entre la densité sombre de la base et les tonalités azurées qui glissent vers le bas évoque les phénomènes naturels — ruissellement minéral, érosion aquatique, irisations d’oxydes — si chers aux recherches Art nouveau.
L’on retrouve ici les expérimentations d’Elchinger sur les émaux réactifs, typiques de sa production pré-1920, proches par l’esprit des recherches menées simultanément à Sèvres, Grès de Pierrefonds ou encore dans les ateliers germaniques de Johann Lurçat ou de la Manufacture de Karlsruhe. Mais chez Elchinger, la coulure n’est jamais laissée au hasard : elle devient une véritable écriture plastique, un vocabulaire expressif qui confère à chaque pièce un caractère unique.
La surface légèrement mouchetée près du col témoigne d'une atmosphère de cuisson riche en variations thermiques, soulignant encore l’aspect expérimental et organique de cet objet. L’ensemble produit un vase d’une grande intensité visuelle, où la frontière entre artefact et phénomène naturel semble s’effacer.
Rare témoin de la période la plus créative de Léon Elchinger, ce vase condense tout l’esprit de l’Art nouveau alsacien : un rapport intime à la matière, une fascination pour les métamorphoses de l’émail au feu, et la volonté de faire du décor non pas une illustration mais une révélation. Chaque coulure, chaque irisation devient ici la trace sensible d’un geste, d’un feu, d’un moment unique.
Marqué sur le fond "750 / 11 / Elchinger Fils / Soufflenheim / Alsace"
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