Cette toile offre une plongée lumineuse dans l’univers pictural de Lucien Haffen, artiste strasbourgeois formé par l'artiste Lothar von SEEBACH et profondément attaché à la nature alsacienne. Représentant un bassin couvert de nénuphars, l’œuvre témoigne d’une approche impressionniste pleinement maîtrisée, où la touche nerveuse et fragmentée traduit à la fois le miroitement de l’eau et la densité végétale environnante.
Le peintre adopte ici un point de vue rasant, invitant le regard à glisser sur la surface mouvante de l’étang. Les reflets bleutés du ciel se mêlent aux tons vert-émeraude et jaunes des feuilles aquatiques, dans un jeu chromatique vibrant qui restitue la lumière d’un plein été. Par la juxtaposition de touches épaisses et de courtes hachures, Haffen transpose le réel en une mosaïque de sensations colorées — un procédé hérité de Monet mais réinterprété avec une vigueur toute personnelle.
Les contrastes entre zones d’ombre et scintillements révèlent une science raffinée de la composition : le quart inférieur, dominé par les bleus et les ocres, ancre le regard, tandis que la partie supérieure, baignée d’une lumière diffuse, s’épanouit en un foisonnement de verts. L’artiste y manifeste un sens aigu de la matière picturale, chaque empâtement semblant capter la vibration même de l’air et de l’eau.
Par cette peinture, Lucien Haffen rejoint la tradition des paysagistes impressionnistes tardifs, transposant la nature non comme motif anecdotique, mais comme champ d’expérimentation de la lumière. L’œuvre témoigne de sa fidélité à une observation directe du motif, alliée à une écriture gestuelle d’une grande liberté, annonçant par endroits les audaces colorées de l’expressionnisme rhénan.
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