Cette grande sculpture en bois polychromé représente Saint Sébastien, l’un des martyrs les plus populaires de la chrétienté, traditionnellement figuré attaché à un arbre ou à une colonne, le corps transpercé de flèches. L’artiste flamand, dans une approche typique de la première moitié du XVIIᵉ siècle, combine ici un réalisme dramatique tempéré par une élégance maniériste héritée du XVIᵉ siècle.
Le jeune saint est représenté debout, le torse légèrement incliné, attaché à un tronc d’arbre figuré de manière schématique. Son bras gauche est levé et lié au-dessus de la tête, tandis que le bras droit retombe dans une tension mesurée, accentuant la sinuosité du corps. Le torse allongé, la ligne serpentine et la rotation du buste traduisent une connaissance sûre de l’anatomie et du mouvement, qui évoque les canons sculpturaux issus de l’école d’Anvers, influencée par les grands modèles du baroque romain.
Le visage juvénile, d’une beauté presque androgine, incline doucement la tête vers la droite dans une expression de douleur contenue et de résignation mystique. Les lèvres entrouvertes, le regard abaissé et les mèches bouclées encadrant le front rappellent les figures de saints martyrs traitées par les sculpteurs flamands comme Artus Quellinus l’Ancien ou Lucas Faydherbe, héritiers du naturalisme de Rubens appliqué à la sculpture. Le traitement des chairs, légèrement vernissé, conserve des rehauts de polychromie d’origine ; les traces de sang stylisées ponctuant le torse et les jambes sont peintes d’un rouge vif, soulignant la tension entre l’esthétique et le pathétique.
Le drapé court noué autour des hanches, aux plis épais et cassés, révèle le goût flamand pour le contraste entre la carnation lisse et le textile aux ombres profondes. La polychromie ancienne, quoique usée et partiellement restaurée, demeure lisible : tons chair rosés, pagne brun-bleuté, tronc d’arbre sombre et base verte imitant le sol.
Par son modelé vigoureux et sa dimension presque grandeur nature, cette sculpture devait à l’origine orner un autel latéral ou une niche votive, peut-être en association avec une Vierge de douleur ou un saint Roch. Elle s’inscrit dans la tradition de la sculpture dévotionnelle flamande du XVIIᵉ siècle, où l’humanisation des saints et le rendu expressif des émotions traduisent les idéaux de la Contre-Réforme.